Un élevage Observatoire

Nous vivons dans le Parc Naturel des Landes de Gascogne entre sud Gironde et Landes. L’élevage a lieu dans un airial isolé, l’habitat traditionnel d’ici : quelques bâtiments maçonnerie et bois dans une clairière au milieu d’un immense massif forestier de pins maritimes et de feuillus. Le relief est totalement plat et le climat océanique. Il gèle une quinzaine de jours par an.

À gauche, l’élevage libre de Maxime & Shed et à droite, l’élevage en parc de Pierre.

Notre environnement est plutôt sauvage, sans clôtures. Sur une dizaine d’hectares il présente :

  • des zones de taillis (végétation arbustive de houx, de lauriers-cerises, d’aubépine et autres espèces buissonnantes),
  • des étendues herbeuses parsemées de buissons, arbrisseaux et plantées de très grands chênes centenaires offrant ombre et fraîcheur en été,
  • des zones de haies touffues ou épineuses de 2 à 3 m de hauteur,
  • des zones de forêt de feuillus aux sous-bois de lande (callune/bruyère, ajonc, bourdaine, fougères, lierre rampant etc.),
  • enfin des fossés (1 m de profondeur, 2 m de largeur) humides une bonne partie de l’année.

Il fourmille de très nombreux animaux sauvages : chevreuils, sangliers, faisans communs et vénérés, écureuils et même tortue cistude. Nombreux oiseaux aussi y compris échassiers migrateurs etc.
Et forcément, de très nombreux prédateurs : renards, blaireaux, martres, fouines, chats harets ainsi que de nombreux rapaces diurnes (buses ou milans) ou nocturnes (chouettes et grands ducs).
À noter enfin, nombreux prédateurs bipèdes en saison avec meutes de chiens courants.


Espace et territoires

Hormis la nuit qu’ils passent dans l’enclos fermé pour empêcher les attaques de prédateurs, nos Gauloises sont totalement libres de circuler et même de traverser les routes.
En fait, ils vivent en tribus avec pour chacune un territoire assez fixe qui semble défini par des habitudes de parcours au cours de la journée (aptitude à trouver et à extraire la nourriture, repos et hygiène).

Mais le facteur principal reste leur instinct de conservation qui dicte les secteurs possibles et les zones interdites. Ils n’occupent finalement qu’une superficie de 2 hectares et demi autour des habitations et la pleine forêt ne les intéresse pas du tout.

La zone en rose est constituée de buissons touffus et bas à l’abri de grands chênes : parfaite pour les tout petits jusqu’à 3 semaines.

Zone rose à la limite de la zone jaune. À mesure que les petits grandissent, la mère poule élargit le territoire à des endroits moins touffus.

La zone en jaune est assez humide, tapissée de lierre, plantée de taillis et massifs arbustifs à feuillage persistant dense et petit bois de conifères, fréquentée par les jeunes jusqu’à 3 ou 4 mois.

Zone jaune, groupe de jeunes de 3 mois 1/2 sous la surveillance de Glyphe, coq de 5 mois 1/2.
Partie commune aux zones bleu et jaune, très appréciée par les poulettes et coquelets mais pas assez sûre pour que les tout petits y séjournent.

La zone bleue longeant un fossé est restée humide et fraîche lors de la sècheresse, elle a été fréquentée puis adoptée par un groupe dès 3 mois malgré les risques de prédation diurne (renard et chats haret, chiens de chasse en saison).

Zone bleue. Repos dans la fraîcheur matinale toujours sous la surveillance d’un coq même jeune. Sujets âgés de 5 mois et demi.

Les gauloises évoluent plutôt bien dans les sous-bois épineux qui leur offrent une certaine sécurité.
Âgés de 5 mois et demi et la menace rapace étant réduite à la saison froide, ils débordent désormais sur la zone verte.

La zone verte est en grande partie dégagée donc souvent frappée par les rapaces surtout au printemps et en été. Elle comporte beaucoup de refuges possibles mais reste la zone où ont été emportés nos 6 disparus de l’année 2020.

Quelques poules du groupe G9 à 4 mois 1/2 se reposant au centre de la zone verte très exposée aux rapaces. Ce groupe fréquente surtout la zone bleue située à l’arrière plan, forêt avec sous-bois d’épineux bordée par un fossé souvent humide ou en eau,

Elle est fréquentée par les adultes sous la garde d’un coq qui veille du mieux qu’il peut.
Nous réfléchissons à une protection par maillage lâche de fils tendus (filets anti-hélicoptères de prisons) qui n’empêcheraient pas les attaques mais le contact avec nos gauloises. Ce dispositif devrait les protéger sans affecter leur instinct de conservation.

CONTRAINTES ET LIMITES DE L’ÉLEVAGE LIBRE

En fait, l’élevage libre tel que nous le pratiquons demande beaucoup d’attention et d’interventions essentiellement en raison des prédateurs diurnes et nocturnes. Notre principale contrainte est la sécurité du cheptel.

Créer un immense enclos et un maillage anti-rapaces sur une zone dangereuse ou étudier un modèle de perchoir artificiel sans électricité ni grillage qui plairait à nos gauloises ? Le poulailler landais en est un exemple. Il ne resterait plus alors que la question des petits ne perchant pas encore.

La question de la ponte. Naturellement, les gauloises pondent là où le coq l’a suggéré. Il est arrivé qu’il agrée un pondoir ou un aménagement de ponte mais ça n’est pas systématique et la poule va alors pondre dans la nature où les risques sont élevés. À quoi pourrait ressembler un pondoir naturel sûr ?

En fait, nos questionnements tiennent au fait que nous préférerions sécuriser sans isoler du milieu naturel car le développement de l’instinct de conservation de nos gauloises nous intéresse…


Partie précédente :
LE TEMPÉRAMENT GAULOIS
Suite :
NOS REPRODUCTEURS

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