L’article que nous proposons ici ne se veut absolument pas un nouvel évangile posant de nouvelles règles d’élevage avicole.
Il est simplement la synthèse d’observations faites chez nous dans un contexte d’élevage naturel aussi libre que possible. Cet article est sujet à évolution, à corrections et à critiques.
Si notre expérience, nos suggestions et préconisations pouvaient servir à inspirer une attitude ou des installations, nous en serions très heureux. Mais nous ne les présentons certainement pas comme l’exemple à suivre aveuglément.
N’hésitez surtout pas à nous communiquer vos suggestions et expériences susceptibles de compléter cet article !
Nous avions entendu et lu que les Gauloises ne sont pas tout à fait comme les autres races. Ils sont un peu sauvages… C’est pas une race facile… Ils préfèrent le jardin des voisins…
Attraper une Gauloise est plus sportif qu’avec une poule « normale ». Courir derrière et les acculer dans un recoin, sortir l’épuisette…
Maintenant, pour les soigner ou pour les préparer à déménager, nous les attrapons de nuit sans bruit ni stress.
Galien, coq 9389 (Pangloss x Coquelicot, 05/2021) Génie, poule 8936 (Valérien x Lulu, 05/2021)
Soins terminés, ils sont replacés sur la branche et se rendorment tranquillement.
En vivant au milieu des Gauloises en milieu naturel libre, on peut entrer dans leur monde, comprendre leur réalité et trouver la réponse à toutes ces questions du genre « Pourquoi pas un poulailler ? » ou « Pourquoi sont-ils si méfiants ? » Et vite on se surprend à s’élever ensemble !
Voici une compilation de nos observations et réflexions.
HANDICAP | RÉPONSE GAULOISE | INTERVENTION POSSIBLE |
---|---|---|
* Prédateurs nombreux * Prédateurs multiples | * Très forte fertilité * Instinct de conservation puissant * Aptitudes physiques * Robe camouflage * Même proche, méfiance persistante face à leur principal prédateur, l’éleveur. | * Action sur le long terme : mode d’élevage et sélection renforçant les aptitudes naturelles à se défendre / à survivre. * Hors agglomération contre les rapaces : tirs à blanc dans leur direction. Taper sur casserole et autres couvercles, cris etc. : absolument aucun effet. * Clôture électrique anti-renard : 2 fils périmétriques à 10 cm et à 30 cm du sol. |
* Se nourrissent au sol | * Vivent en groupe (divise le risque) * Langage « gaulois » riche et spécifique incompris des pondeuses (ex. alerte rapaces, alerte humains, nourriture riche, ralliement des petits, ralliement des poules etc.) * Coq très vigilant sol et ciel * Le coq dominant veille quand le groupe gratte et mange * Excellente vision diurne * Cri d’alerte puissant et continu tant que persiste le danger * Instinct de sacrifice du coq dominant (attire / va vers le danger) | * pour éviter la faim, laisser des graines et de l’eau fraîche à disposition |
* Sédentaires avec des habitudes prévisibles par les prédateurs | * Se déplacent tout le temps sur leur territoires * Se reposent en hauteur (jour ou nuit) | * Clôture grillagée ou électrifiée * Multiplier les zones où percher |
* Voient très mal dans l’obscurité | * Juchent bien avant la nuit * Descendent après l’aube | * Offrir un perchoir ouvert ou vaste. Boîte = fuite impossible = STRESS (sauf couvaison) * dodo en hauteur stable et solide. Idéal 2 m mini * poteaux ou troncs anti-grimpeurs Comme ici : https://nichoirs.net/page8.html |
* Pond au sol à un endroit fixe 1 mois avant couvaison (couvaison dès une vingtaine d’œufs) | * Le coq propose les lieux de ponte * Le nid est caché et la poule est furtive (difficile à pister) | * Ne pas déranger inutilement le pondoir, l’odeur humaine laissée peut attirer les prédateurs * Attendre qu’il y ait 5-6 oeufs avant de prélever. * Prélever 1 œuf sur 2 en choisissant les plus anciens (dater au crayon). * Prélèvement trop fort = poule partira pondre ailleurs |
* Couvent au sol | * couvaison extrêmement discrète * 1 sortie /j (parfois 2 lorsqu’il fait chaud) * s’éloigne du nid pour s’alimenter, se nettoyer et déféquer | * Coiffer la poule et sa couvaison avec une boîte à couver à fond amovible. Fermer solidement la nuit. * Dalles béton autour |
* Course bipède peu rapide | * Agilité, envol vers hauteur | * Éviter l’engraissement * Sélection pour la vivacité * Organiser un bazar, éviter une zone d’élevage vide et dégagée * Éliminer les culs-de-sac / impasses (abris à 1 seule ouverture) * multiplier et répartir des perchoirs-refuges (chiens, renards) |
* Capacités de vol faibles (par rapport au faisan, perdrix…) | * Anticipation et réflexes vifs * Vie en troupeau | * Sélection de sujets vifs * Respect du mode repos en hauteur |
* Poussins, besoin important et régulier de chaleur | * Maman très attentive aux demandes des petits . Se camoufle pour couvrir ses petits. | * Multiplier les buissons et abris ouverts sur 2 côtés opposés au moins * Aménager une zone bain de soleil bien sèche |
* Poule et ses poussins bruyants | * Instinct : maman et poussins préfèrent rester à couvert arbres feuillus, buissons, véhicules… | * Dégager les pieds de buissons périphériques (caches qui sont des affûts pour renards) |
* Poule et poussins à l’écart du groupe | * Instinct maternel : la poule scanne l’environnement en permanence | * Aménager une zone de repos près des humains |
* Poule avec ses poussins peu mobiles | * Instinct maternel : marche forcée pour les poussins * Délaisse les petits les plus faibles * Réponse à la prédation : cris stridents avec envol vers hauteur pour attirer le danger à elle * Poussins : camouflage et réflexe de disparition à l’alerte de la maman | * Organiser un bazar, éviter une zone d’élevage vide et dégagée * clôturer une zone « poussinière » grillage petite maille. Attention, les poussins traversent le grillage à poule ! |
PRINCIPAUX FACTEURS DE STRESS
FACTEURS NATURELS DE STRESS | CONDITIONS FAVORABLES |
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* Prédateurs * Difficulté à gagner une hauteur pour le dodo * Harcèlement de coqs rivaux * Faim ou soif * Chaleur * Intempéries violentes | * Espace et liberté d’évolution * Sous-bois * Végétation à feuillage persistant * Clôture électrique * Bâtiment largement ouvrable avec plusieurs perchoirs hauts et espacés * Arrosage en soirée de la zone perchoir |

FACTEURS ARTIFICIELS DE STRESS | PALLIATIFS |
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* Acculement (aucune échappatoire) * Captivité ou espace réservé restreint * Impossibilité de gratter (sol artificiel) * Espace de vie manquant de hauteur * Privation de perchoir pour le dodo et le repos * Exposition longue ou répétée au danger (ex. chien aboyant autour de l’enclos) * Forte densité forcée * Enlèvement systématique des œufs * Manque d’espace et de liberté pour l’élevage des poussins * Éclairage permanent de nuit (besoin de nuit noire) | * Offrir autant de liberté et d’espace que possible * Volière : 3 m de hauteur ou plus * Fabrication de faux arbres parapluie * Préserver un espace à la maman et ses poussins * Abris : ouvrir au moins 2 côtés opposés * Pondoirs dissimulés bas ou au sol, entrée masquée (pas de vue directe) * Éviter un nichoir sous éclairage public nocturne |

S’inspirer de ce tableau permet d’appréhender la réalité des Gauloises et mieux composer avec.
En exagérant à peine, on pourrait dire que les Gauloises sont à deux modes, le mode bien-être ou le mode stress. Le stress est une composante naturelle qui fait partie de la vie, ce n’est pas une composante à combattre et à éliminer. Rassurons-nous, le stress aux facteurs naturels est bien géré par les Gauloises tant que leurs conditions environnementales leur permet d’y faire face par la fuite ou la mise à l’abri etc.
Les facteurs de stress artificiels sont tout simplement nuisibles et même funestes aux Gauloises. Minimiser l’exposition aux facteurs de stress d’origine artificielle est chose souvent possible et prioritairement souhaitable pour le bien-être de nos Gauloises.
En définitive, si votre seule possibilité est la claustration dans une volière, nous vous suggérons de vous tourner vers une race plus « domestique ».
Louchats le 22/01/2022